En publiant un communiqué jeudi pour prendre ses distances avec les déclarations du secrétaire général de l’Organisation des Etats américains (OEA), Luis Almagro, l’Union européenne veut se démarquer de la position de ce dernier qui reconnaît la fin du mandat du président Jovenel Moïse au 7 février 2022. Dans ce communiqué, l’UE n’a pas voulu prendre position dans un camp ni dans l’autre, étant donné l’enjeu de ce dossier litigieux qui concerne la fin du mandat du président Jovenel Moïse. Rappelons que ces joutes électorales doivent permettre le renouvellement des chambres législatives et des collectivités territoriales. Ce n’est pas sans raison que l’organisation du Vieux Continent préconise un dialogue inclusif entre les protagonistes. Depuis le début des négociations entre le pouvoir exécutif et des partis politiques de l’opposition en décembre 2019, ce dossier avait achoppé les pourparlers, car les représentants du parti au pouvoir avaient fait valoir que le quinquennat du président de la République ne saurait être mis en discussion.
En prenant ses distances avec la position du secrétaire général de l’OEA, l’Union européenne a également remis les pendules à l’heure avec beaucoup de doigté. Mardi, après la vidéoconférence du chancelier haïtien Claude Joseph avec les ambassadeurs du Core Group, le ministre s’était empressé de rapporter dans la presse que les diplomates promettent d’appuyer le processus électoral devant aboutir au renouvellement du personnel politique et à l’alternance présidentielle en 2022. Ce communiqué de l’Union européenne désapprouve l’appui rapporté par le chancelier, étant donné que la plupart des diplomates du Core Group sont issus du Vieux Continent. Pourquoi cet empressement du ministre des Affaires étrangères ? Veut-il montrer au président de la République qu’il peut défendre sa cause ? Veut-il plutôt s’affirmer dans son poste de chancelier ?
Dans l’entourage du chef de l’Etat, il y a fort à parier que les remous prolifèrent. Si le communiqué du secrétaire général de l’OEA avait suscité l’ambiance au Palais national, celui de l’Union européenne a créé, quelques jours plus tard, l’émoi au sein des plus proches collaborateurs de Jovenel Moïse. Les mauvaises langues diront que ce ministre avait donné le ton dès son entrée en fonction. A l’occasion de sa première rencontre avec des membres du corps diplomatique, il avait entretenu ses hôtes du dossier nucléaire. Beaucoup de diplomates présents à la rencontre n’avaient pas compris l’intérêt de cette question aux yeux du nouveau ministre vu la conjoncture de l’époque. Suivant les règles d’usage, la rencontre s’était bien déroulée. Depuis, plusieurs membres du corps diplomatique doutaient de la réussite de ce ministre dans ce poste de si grande importance.
Son prédécesseur, Bocchit Edmond, n’a pas été le meilleur chancelier de notre nation. Mais il avait le sens de la mesure dans ce poste de grande responsabilité, pour avoir fait carrière au sein de ce département ministériel. Quelle sera la prochaine initiative du ministre Claude Joseph ?
Lemoine Bonneau
Correspondant de Fierte Haitienne FM