Haïti est arrivé à un carrefour où, inévitablement, on aura une intervention militaire étrangère, selon l’écrivain Michel Soukar, qui intervenait à l’émission Panel Magik ce mardi 4 octobre., M. Soukar soutient qu’on ne peut rien attendre d’Ariel Henry et de son cabinet. « Aujourd’hui, Haïti n’a plus de dirigeants. Ariel Henry est un jobbeur. Il n’a pas le pouvoir de démissionner », a-t-il indiqué.
« Ariel Henry n’est rien. Ce n’est même pas la peine de lui adresser la parole. C’est Madame La Lime la véritable décideuse en Haïti, un pays qui n’a plus de souveraineté. C’est un pays qui est sous tutelle. Rien ne peut se décider pour Haïti sans la bénédiction de l’international. Je le répète à qui veut l’entendre, on perd notre temps à demander au premier ministre de démissionner. C’est un moins que rien qui a accepté de faire le sale boulot de l’international, son patron », a déclaré Michel Soukar, rappelant que c’est un tweet du Core Group qui a mis Ariel Henry là où il est aujourd’hui.
« Si les Américains veulent se débarrasser d’Ariel Henry, il sera effacé l’espace d’un cillement. Si on veut mettre fin à l’agonie du peuple haïtien, au lieu de vous adresser à Ariel Henry, adressez-vous de préférence à son patron. Adressez-vous directement à l’ambassadeur américain, à Mme Lalime (ONU) pour leur dire de surseoir à la destruction des biens des Haïtiens, de cesser de faire perdre leurs emplois aux Haïtiens. Le pouvoir de nomination est le pouvoir de révocation », croit M. Soukar qui pense « qu’il faudra dire aussi aux patrons de M. Henry qu’on voit clair dans leur jeu, leur demander ce qu’ils veulent, leurs projets pour le peuple haïtien », s’indigne l’historien.
En conférence de presse, le mardi 30 août, à l’hôtel Montana, Magali Comeau Denis avait indiqué qu’elle avait eu une conversation téléphonique avec le Premier ministre au terme de laquelle Ariel Henry avait déclaré qu’il n’était pas habilité à négocier sur la question d’un exécutif bicéphale. « Je n’ai ni le mandat, ni l’autorité, ni l’autorisation pour discuter sur l’exécutif bicéphale, a rétorqué Ariel Henry au téléphone », avait rapporté Mme Denis.
Magali Comeau Denis avait dit avoir fait remarquer au Premier ministre que l’autorisation pour discuter sur le sujet devait venir des forces vives de la nation. « Tout consensus a une limite. Je ne peux pas franchir cette ligne», avait répondu le Premier ministre, à en croire Mme Denis.
« La mauvaise gouvernance est comme quelque chose qui est dans les gênes des dirigeants politiques haïtiens », s’indigne Michel Soukar qui n’a pas manqué de rappeler les faits à travers le temps ou les hommes d’Etat se sont comportés en petits politiciens démagogues.
Quelle est la responsabilité des élites politiques et économiques dans la crise haïtienne?
« Ce que nous vivons aujourd’hui est le résultat des mauvais choix faits par nos dirigeants pendant les trente dernières années, des pratiques qui rendent confortables la communauté internationale, d’après Michel Soukar. « le pays n’a aucun plan de développement. Il n’y a pas de politique de population, d’aménagement du territoire, il n’y a pas de politique énergétique, de transport. Haïti est comme une voiture en panne de moteur qui n’a nul part où aller. Que faire? C’est la question qu’il faut poser aujourd’hui. Bien sûr, l’international a sa propre politique. Un jour viendra où on sera obligé de lui demander de venir mettre de l’ordre, c’est qui se joue pour le moment », a fait remarquer M. Soukar.
Pendant son intervention sur Magik 9, l’écrivain a rappelé avoir prévenu les élites haïtiennes des changements dans l’économie mondiale et de la nécessité de s’aligner sur les nouvelles réalités.«Il y a trente ans, j’ai mis en garde nos concitoyens que l’économie mondiale est en train de changer et qu’il fallait que les dirigeants s’adaptent à la nouvelle réalité. Ce nouvel ordre international avait trois exigences majeures: des infrastructures performantes, une éducation pour comprendre la nécessité de faire l’économie autrement et un secteur privé dynamique», a expliqué M. Soukar.
Michel Soukar dit avoir conseillé aux élites haïtiennes de sortir de l’économie de rente pour rentrer dans une véritable modernisation, sinon les conséquences seront désastreuses. « J’ai prédit qu’Haïti allait devenir un couloir pour la cocaïne ce qui ferait l’affaire de la communauté internationale puisque cette drogue alimente leur caisse noir pour des opérations inavouables. J’avais également prévenu que le pays deviendrait un dépôt de déchets toxiques, une province commerciale dominicaine», a-t-il rappelé.
« Nous sommes dans une situation où j’espère que les Haïtiens arrivent à comprendre deux choses si on veut réellement construire un pays: il y a le savoir et l’avoir. On peut continuer à primer l’ignorance, la corruption et prétendre qu’on veut faire un pays », regrette l’historien.
Une intervention militaire étrangère imminente
Selon Michel Soukar, « depuis quelque temps, il y a une opération qui est planifiée contre le peuple haïtien». La destruction d’Haïti est enclenchée depuis une trentaine d’années, selon l’historien. « Ils ont laminé les masses populaires avec la politique néolibérale et ont créé le chômage dans le milieu paysan. Ils ont provoqué l’exode rural massif, l’effondrement de la gourde. Le secteur privé haïtien, perçu comme principal responsable, devient la cible à abattre. Depuis quelques temps, le discours, le comportement est de détruire les entreprises haïtiennes. De telle politique vise à affaiblir et supprimer toutes formes de résistance de la société le jour où ils interviennent », a détaillé l’écrivain.
« Il arrivera un moment où la situation sera totalement incontrôlable sur tous les points du territoire. Haïti deviendra un cancer en métastase. Tôt ou tard, l’international, que l’on veuille ou non, interviendra en Haïti. Que vous l’appelez une force d’intervention, une force d’invasion, l’intervention sera imminente. J’espère qu’à ce moment-là les Haïtiens comprendront que ce n’est pas seulement l’étranger le responsable, nous avons notre part de responsabilité », prédit Michel Soukar.
Jimmy Chérizier a tout le support d’une force invisible, selon Michel Soukar
« Comment expliquez-vous qu’un citoyen peut décider de bloquer le plus grand stockage de produits pétroliers du pays sans que personne ne puisse le débloquer? C’est tout simplement parce qu’il est soutenu par des mains cachées. Si le pouvoir en place, les institutions des droits de l’homme, la PNH, la communauté internationale, la BINUH n’ont pas voulu résoudre cette simple équation en 24h, c’est qu’il y a un plan très précis qui est en train d’être mis en exécution pour Haïti », croit savoir Michel Soukar.